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Actes du webinaire “Le bien-vieillir dans les projets d’aménagements urbains”

Mardi 1er juin 2021 de 9h30 à 11h00

INTRODUCTION

Farid Taleb – Directeur de l’association Futurâge

Bonjour à toutes et à tous, je vous remercie de votre présence pour ce nouvel événement à distance organisé par Futurâge. On a décidé d’aborder le bien-vieillir dans les projets d’aménagements urbains portés par les collectivités et les établissements publics. L’idée est de valoriser ce qui est fait par les pouvoirs publics en terme de projet structurant ou d’étude. On parle souvent de ce qui est fait au quotidien par les collectivités au niveau social, au niveau habitat ou autre. Aujourd’hui nous mettons l’accent aujourd’hui sur des projets qui permettent de prendre en compte le vieillissement des populations, au sein des tissus urbains.

Pour cela nous avons la chance d’avoir trois interventions aujourd’hui, trois interventions complémentaires en plus. Dans un premier temps nous aurons Marie Piéron qui est maire-adjointe à Ivry sur Seine en charge de l’enseignement supérieur et à la recherche qui nous présentera une étude d’un projet en cours autour du déplacement des personnes âgées dans le quartier Monmousseau à Ivry-Sur-Seine. Ensuite Stéphane Touboul, directeur du projet de renouvellement urbain à l’EPT Grand-Orly Seine Bièvre présentera la prise en compte du vieillissement des populations dans le renouvellement urbain du quartier sud de Choisy-le-Roi. Enfin Pierre-Antoine Leyrat, chef de projet accessibilité à la SOLIDEO (Société de livraison des ouvrages olympiques), nous présentera comment l’accessibilité des seniors est au cœur des projets des jeux olympiques et paralympiques de Paris 2024.

Audio :

 

09h40 : Etude et projet en cours autour du déplacement des personnes âgées dans le quartier Monmousseau à Ivry-sur-Seine

Intervenante : Marie Piéron : Maire-adjointe à la Mairie d’Ivry-Sur-Seine en charge de l’enseignement supérieur et de la recherche.

Merci de me permettre de présenter ce projet aujourd’hui. Je ne vais pas présenter l’étude ou ses résultats comme le ferait la géographe qui travaille avec nous. Je veux vous présenter l’intérêt pour une collectivité territoriale de s’engager dans ce type de projet de recherche. Cette étude porte sur le déplacement des personnes âgées dans le quartier Monmousseau à Ivry-Sur-Seine (Val-de-Marne), un quartier de 12 000 habitants avec un habitat mixte, des pavillons mais aussi des grands ensembles. On a une population de séniors relativement stable. Des personnes qui sont arrivées dans ce quartier quand ils étaient jeunes actifs et qui y ont vécu toute leur vie. On se rend compte que dans ce quartier spécifiquement, on a dans certains immeubles plus de personnes âgées que dans le reste de la ville.  Ce projet s’inscrit dans un cadre global. Il se trouve que la ville d’Ivry fait partie du territoire Grand-Orly Seine Bièvre qui est particulièrement engagé dans les questions de bien-vieillir depuis les années 1990.

Dans notre territoire on a la chance d’accueillir de nombreux acteurs scientifiques et médicaux. A la fois Sorbonne Université, avec notamment l’hôpital Charles Foix qui est le plus grand hôpital gériatrique européen. C’est un hôpital dans lequel se produisent des soins de gériatrie mais également de la recherche. On a également l’Université Paris-Est Créteil, présente à Vitry-sur-Seine dans le domaine Chérioux où va s’implanter prochainement l’institut du handicap. On va retrouver des acteurs du développement économique comme Silver Innov’ qui est une pépinière et un hôtel d’entreprise. Mais aussi FuturÂge, acteur essentiel de l’axe santé bien-être autonomie du territoire Grand-Orly Seine Bièvre. Voilà pour le contexte. Récemment, le dispositif Autonom’ Innov a permis à des étudiants et des porteurs de projet de travailler sur leur idée et de pitcher leur projet devant des professionnels du bien-vieillir. Plusieurs d’entre eux ont été accueillis à Silver Innov’ et bénéficient d’un accompagnement qui aboutira dans l’idéal à la création de leur entreprise.

Le comité de quartier est un espace qui rassemble les habitants lorsque l’on veut travailler sur l’amélioration de notre quartier. Si les personnes âgées participent activement aux séances plénières, c’est à dire aux endroits où on donne plus tôt les informations, ils sont en retrait dans les ateliers. Alors que c’est là où concrètement on aménage le quartier. Et s’ils ne sont pas là pour donner leurs avis, je suis inquiète de savoir si les aménagements qu’on leur propose vont bien leur correspondre. Le but du comité de quartier est de recueillir l’avis des habitants. C’est vraiment un problème qu’ils ne soient pas présents. Puis j’ai rencontré Mohamed Chetouani, un chercheur d’université en ingénierie robotique, qui m’a présenté à ce moment-là Florence Huguenin-Richard, géographe et qui travaille justement sur ces questions-là. 

Les objectifs sont d’identifier les freins de la participation des personnes âgées, de favoriser l’expression des personnes âgées dans notre quartier, pour qu’on puisse les entendre tout en rendant le quartier plus agréable pour eux. Donc on s’est projeté sur la question de la « marchabilité » qui signifie potentiel de marche. Comment on peut se déplacer dans un quartier ? Quelles sont les difficultés qu’on va rencontrer pour se déplacer ? On sait que la marche a un rôle essentiel, puisqu’elle va contribuer à la vie du quartier, au maintien de la vie sociale, à la lutte contre l’isolement. Elle a aussi un rôle majeur dans la prévention santé. C’est aussi un enjeu écologique. Ces raisons nous ont poussées à mener une étude autour de la « marchabilité » dans notre quartier.

Cette étude a été réalisée en mode recherche participative. Il s’agit d’une recherche qui implique bien sûr les chercheurs, mais aussi des citoyens, des associations (comme Futurage), mais aussi dans notre cas des élus et du personnel communal. Dans la recherche participative il y a plusieurs niveaux. Soit les non-chercheurs sont associés dès la formulation des hypothèses. Soit ils participent à la collecte des données, à l’analyse des résultats et enfin à la valorisation de ces résultats pour une amélioration concrète de notre quartier. 

Le projet s’étend sur une durée relativement longue, ce qui n’est pas étonnant pour des recherches. En septembre 2017 on a présenté le projet aux habitants dans le cadre du comité de quartier qui a reçu un accueil très favorable de la part des habitants ce qui a favorisé la poursuite de l’étude. Ensuite entre 60 et 70 habitants ont pris part à un questionnaire qui a précédé une conférence débat à Silver Innov’ sur la place des personnes âgées dans l’espace public. On avait loué un car pour permettre aux séniors de venir depuis la maison de quartier Monmousseau à Silver Innov.

Et puis il y a une phase qui appartient aux chercheurs avec l’analyse des données, la rédaction de l’étude, et puis la réalisation d’une infographie. Ils en sont là aujourd’hui. Ce sont des étudiants de Master 1 de Sorbonne Université. Cette infographie va permettre de diffuser largement à la population les résultats de cette étude. Notre idée est de travailler dans un cadre intergénérationnel. Que tous les habitants trouvent leur place.

Il faudra ensuite transformer ces résultats en amélioration concrète. Globalement cela passera certainement par des aménagements urbains mais pas uniquement. C’est l’intérêt principal pour une collectivité territoriale de participer à ce type de recherche. Cela nous permet d’avoir des informations précises qui vont contribuer à ce qu’on améliore l’aménagement urbain notamment sur la question des bancs publics. C’est un sujet de discussion compliqué. On a une partie des gens qui craignent que les bancs apportent des nuisances sonores et puis de l’autre côté on a aussi des gens qui ont besoin de ces bancs. Donc je dirais que le travail en Conseil de quartier nous permet de sensibiliser, pour réussir à faire accepter la présence de ces bancs, et de favoriser la présence de personnes âgées dans l’espace public de ce quartier.

On a aussi un certain nombre d’informations sur le partage de l’espace public avec les véhicules et les vélos. L’étude nous montre que ce partage n’est pas si simple. Lorsque la ville réfléchit à un plan vélo à l’échelle communale, il faut en tenir compte pour éviter les risques d’accident pour les piétons particulièrement les séniors.  On a aussi des informations su l’éclairage public, sur les trottoirs.

On s’est rendu compte que les personnes âgées dans ce quartier marchent plus que la moyenne et qu’ils utilisent aussi plus les transports publics. Dans notre quartier, nous savons qu’il y a un bus qui est saturé, le 132. Et bien c’est un argument supplémentaire, pour la commune d’aller demander à la RATP d’augmenter la fréquence sur cette ligne. Les résultats de cette étude vont avoir un impact direct sur la vie des habitants.

On a aussi des informations sur le ressenti, par exemple sur la peur des chutes, sur le sentiment d’insécurité. Et ces informations sont ensuite intégrées dans notre politique publique. La participation de la municipalité s’est traduite par la mobilisation de différents acteurs. D’abord par la mobilisation des retraités à travers la Maison de quartier. Cela a permis aussi un financement de la CNAV, pour la réalisation d’activités et d’ateliers en direction de ces personnes âgées. Silver Innov’ et Futurage ont aussi été mobilisés. Mais aussi Ivry-sur-Science qui est le programme municipal de culture scientifique et d’autres acteurs qui ne sont pas municipaux mais qui sont des acteurs présents sur le territoire, notamment Silver Innov et FuturÂge.

A partir de l’infographie il y aura un travail à faire avec les personnes âgées afin de poursuivre cette démarche pour qu’il y ait des améliorations concrètes qui en sortent. Les élus sont également concernés car ils vont faire des choix budgétaires en fonction des recommandations de cette étude. On a la chance d’avoir Philippe Bouyssou, maire d’Ivry-sur-Seine, qui est particulièrement convaincu que ce genre de projet est intéressant. On présentera cette étude lors de la conférence climat à l’automne 2021. Nous aurons trois conférences climats durant le mandat à l’échelle de la ville. L’idée de ces conférences est de sortir avec des propositions concrètes et des propositions qui ont valeur de décision. Donc soumettre cela au débat, lors de la conférence climat, c’est se donner plus de chances que cette étude soit réellement exploitée. J’ai eu la chance de discuter avec d’autres collectivités territoriales qui ont déjà participé à des recherches et ils m’ont vraiment dit que c’est l’étape charnière : comment fait-on pour que les résultats des études soient exploités concrètement. Et bien on va essayer de mettre toutes les chances de notre côté, pour effectivement réussir cette étape.

On s’est déjà engagé avec Sorbonne Université dans un nouveau projet de recherche sur la mesure de la qualité de l’air lorsque les personnes âgées se déplacent en marchant à Ivry. Enfin, nous avons l’objectif de créer un espace dédié aux sciences participatives à Ivry. Donc finalement ce que je vous ai présenté aujourd’hui, c’est l’intérêt des projets de recherche participative pour faire évoluer l’action publique. En effet notre société est confrontée à des nouveaux défis, que ce soit la question de l’allongement de la vie et du bien-vieillir, mais aussi de la transition écologique et du monde post-épidémie. Il va donc falloir que les collectivités territoriales intègrent ces nouveaux défis et adaptent leur politique publique, qu’elles sont donc innovantes, mais aussi plus démocratiques, parce qu’on sent le besoin des habitants d’être plus impliqué, de donner leur avis et surtout d’être entendu.  A partir de ça je pense que vous comprenez bien pourquoi on s’engage dans ces cas-là sur des projets de recherche. Ils repoussent les frontières de la connaissance. C’est innovant par essence, mais la forme participative, c’est une forme démocratique qui permet la participation des habitants, et qui permet de les entendre. Je vous remercie de votre attention.

Jean-Charles Pomerol, Futurage : Je voulais d’abord remercier Marie et les initiatives qu’elle a prises. Je pense que c’est extrêmement important d’impliquer la recherche participative pour faire évoluer les politiques publiques, pour faire comprendre aux conseillers municipaux ce qui se passe. Par exemple dans ce que tu dis dans le quartier Monmousseau, il y a peu de gens dans les élus qui comprennent que les personnes âgées ont peur des vélos et des patinettes. C’est important parce que là on est dans deux objectifs qui deviennent contradictoires. L’un qui est un besoin écologique et l’autre un besoin de pouvoir se déplacer dans la rue sans être bousculé par un engin qui ne fait pas de bruit. On voit bien avec une étude scientifique les enjeux, et on voit mieux que c’est une réalité, on peut arriver à des chiffres, savoir combien de personnes âgées ont peur des vélos par exemple. L’exemple des bancs que tu as pris est particulièrement intéressant. On sait bien que les gens ont peur quand on met un banc trop près de chez eux, que ce soit un lieu de fixation des personnes sans domicile, ou des gens qui font du bruit. Et d’un autre côté ils en ont besoin. Donc c’est important d’avoir des mesures, d’expliquer aux uns aux autres, les avantages et inconvénients. L’exigence démocratique c’est un grand mot mais je pense que les gens ont besoin, ce n’est pas forcément de participer aux décisions, mais qu’on comprenne leurs besoins, et ça c’est vraiment ce que tu as fait, c’est comprendre quelles sont les questions qui sont importantes. De même pour le bus, je ne sais pas si ce bus-là est remplacé par le tramway. Ce que j’observe à Paris, c’est qu’il y a beaucoup de personnes âgées qui ne prennent que le bus, qui ne prennent plus le métro. Je pense qu’on devrait plus en tenir compte pour la fréquence des bus, la façon dont ils sont confortables et accessibles aux personnes âgées. C’est très important d’avoir des données, d’écouter les gens et de faire passer les données et les besoins dans un sens et dans l’autre, vers les élus, les responsables et inversement. Merci.

Claude Louis, retraité : J’ai bien aimé l’intervention. J’ai bien aimé l’histoire des chutes, de l’attention sur les chutes. Il faut faire très attention à ça. Et puis je vous donne un élément parce que je participe à d’autres forums, il faudrait peut-être aller autour la nutrition des personnes âgées, pour qu’elles conservent une santé qui leur permet de fonctionner correctement et donc par exemple de marcher correctement, de ne pas chuter.

Marie Piéron : Je vous remercie. Sur la question de la nutrition, nous avons également travaillé avec FuturÂge sur ce sujet-là parce que nous avons accueilli un étudiant en Master 2 il y a 2-3 ans qui devait faire une étude autour de l’alimentation des séniors à Ivry. C’est une vraie question qu’on se pose et sur laquelle FuturÂge aide des collectivités à réfléchir.

Gabriel Dib, société Age Impulse : Un grand merci pour cette présentation Madame Piéron. Je représente la société Age Impulse qui est installée à Silver Innov. En fait, notre mission est d’encourager à la marche, lutter contre la sédentarité, et donc augmenter l’espérance de vie. On s’appuie sur des recherches de trente ans, des études de terrain et scientifiques, et on démocratise ces solutions qui normalement coûtent dans les laboratoires dans les 500 euros. En fait ma question c’est, où est-ce qu’on en est réellement ? C’est à dire, si on veut encourager quelqu’un à aller marcher, est-ce que à sa disposition, il y a un plan comme Google, où on lui dit « Autour de votre appartement ou de votre résidence, voilà les parcours que vous pouvez faire de trente minutes, une heure », et qui sont « marchables » si je peux dire ça.

Marie Piéron : C’est une excellente question, parce que c’est exactement ce qui a permis de faire l’étude entre autres. Il y a la réalisation d’une cartographie des endroits qui sont facilement « marchables ». On sait que les retraités dans le cadre de ces études marchent en moyenne 48 minutes. Ce qu’on a mesuré c’est que 48 minutes, globalement c’est le temps d’aller du quartier Monmousseau au centre-ville. Sachant qu’on a une énorme côte vraiment difficile et que si on veut l’éviter il y a que le bus 132 dont on a parlé tout à l’heure. Mais oui vous avez raison, il va falloir que cette cartographie évolue avec des temps de promenade, des choses comme ça. Je crois qu’il faudra le travailler aussi avec les habitants. D’autant plus que durant le confinement, on a vu qu’un certain nombre d’habitants avaient envie de se promener dans leur quartier, ils ont redécouvert par exemple certains endroits dans le quartier. Donc effectivement c’est un souhait et je pense que lorsqu’on va présenter aux habitants les résultats, à mon avis ça fera partie des choses dont ils auront vraiment envie avec des temps des promenades. 

Hervé Lerolle, Union territoriale des retraités 94 CFDT : Bonjour, on s’est effectivement intéressé à la question de la « marchabilité » des villes. Vous l’avez bien montré, je vous félicite pour cette étude, parce qu’effectivement il faut partir du terrain, avoir des données très précises, donc bravo pour ça. Je voudrais juste dire deux choses. Cette question de la « marchabilité » permet de bien poser les enjeux de partage de l’espace public qui est l’essence de la ville. Cet aspect de la participation des personnes âgées profitera à tous les citoyens, et là-dessus les personnes âgées sont celles qui pratiquent le plus cet espace, en tant que piéton, et donc c’est particulièrement important d’y être attaché. Bravo j’espère que ce type de démarche pourra être imité et renouvelé par d’autres collectivités.

Marie Piéron : Merci beaucoup. L’idée c’est effectivement que ça puisse être réplicable. Il y avait aussi une partie développement d’une application pour renseigner les informations. Effectivement je crois que ce serait intéressant que cette démarche puisse être faite dans d’autres endroits, dans d’autres collectivités.

 

10h00 : Prise en compte du vieillissement des populations dans le renouvellement urbain du quartier sud de Choisy-le-Roi

Intervenant : Stéphane TOUBOUL, directeur de Projet Renouvellement Urbain à l’Etablissement public territorial Grand-Orly Seine Bièvre

Bonjour à tout le monde, donc comme l’a dit Farid, je vais partager cette présentation avec le cabinet VAA conseil représenté par Madame Delefortrie. Ce bureau d’étude a accompagné le Territoire Grand-Orly Seine Bièvre et la ville dans l’intégration du public sénior dans le projet de renouvellement urbain.

Je travaille au territoire Grand-Orly Seine Bièvre, en tant que chef de projet renouvellement urbain et je m’occupe spécifiquement du projet du quartier Sud de Choisy-le-Roi (Val-de-Marne) et particulièrement Les Navigateurs : 700 logements, environ 2000 habitants sur 6 hectares. Il s’agit de grosses transformations de renouvellement urbain avec la démolition de 267 logements, près de 40% du patrimoine locatif actuel. Il y a aussi la restructuration des espaces publics, l’intégration d’équipements publics et de services dans les pieds d’immeuble, dans une volonté d’ouverture du quartier mais aussi une volonté de mixité sociale et urbaine dans un quartier où il n’y avait que du locatif social. On oublie parfois dans le cadre du renouvellement urbain de s’appuyer sur les qualités importantes du quartier existant avec dans le cas des Navigateurs, la présence de la nature mais aussi une dimension familiale du quartier. On note la présence de familles « historiques » qui sont là depuis les années 1960 et qui véhiculent dans le quartier des valeurs que sont le partage et la solidarité.

Quand on a commencé à travailler sur ce projet de renouvellement urbain, très vite on a voulu garder ces qualités et valeurs. Travailler sur le public des personnes âgées, c’était aussi travailler sur l’ancrage des habitants dans leur quartier. Bien vieillir dans son quartier, c’est d’abord bien vivre dans son quartier pour tous les habitants. Se voir vieillir dans son quartier c’est aussi ne pas être uniquement dans une dimension de passage. Devant les bouleversements engendrés par le renouvellement urbain, c’est une thématique qui était très importante pour nous, on a profité aussi d’un écosystème. Cela a été dit dans la présentation de Madame Piéron juste avant, on a dans le territoire Silver Innov’ mais aussi FuturÂge, qui fait ce travail de sensibilisation auprès des élus, de la ville, du territoire, et puis auprès de nous techniciens.

Il faut citer aussi le service habitat de la commune de Choisy-le-Roi, qui a été moteur dans notre démarche d’intégration des personnes âgées dans le renouvellement urbain, à travers notamment le relogement spécifique aux personnes âgées ainsi que sur la question de la réhabilitation de certains logements. Valophis habitat, l’unique bailleur du quartier, est aussi très sensible sur ces questions-là. On a profité aussi d’un appel à manifestation d’intérêt, qui a été lancé par l’ARS et l’ADEME pour mener une évaluation impact-santé, qui avait une dimension spécifique sur le public des personnes âgées. Nos objectifs étaient de garantir la mixité générationnelle dans le futur quartier, favoriser également la participation sociale et citoyenne et puis concevoir un quartier inclusif.

C’est ce qui nous a permis de lancer cette étude auprès de VAA conseil, que Léa Delefortrie va détailler. L’idée est de mettre en valeur le rôle positif des personnes âgées dans le quartier. On a lancé cette évaluation, cette analyse du projet de renouvellement urbain au moment où la conception urbaine était déjà actée. On finalisait le financement du projet pendant une année pré-opérationnelle avec des réflexions autour des usages notamment autour des espaces publics et des équipements publics, la mobilité, la santé, la sécurité. VAA a fait le lien entre ces études. Nous souhaitions que ces études soient participatives. Malheureusement l’année 2020 ne nous a pas permis de faire d’ateliers participatifs mais c’est une suite qu’on donnera à notre démarche. Je laisse Léa poursuivre.

Léa Delefortrie, VAA Conseil : Effectivement cette approche systémique et transversale a marqué un peu le point de départ de notre étude. Notre première mission était d’établir un contact directement avec les acteurs du territoire mais aussi avec ces études pour recenser les besoins et comprendre aussi quelles pouvaient être leurs attentes. Nous ne voulions pas travailler de façon très indépendante mais au contraire pouvoir identifier le maximum de ponts et de connexions à établir avec ces études.

Je vais revenir sur un élément qui me semble important, qu’on a évoqué dans les questions et les échanges précédents. Ce n’est pas parce qu’on travaille pour mettre en place des actions vers des personnes âgées, qu’on exclut les autres catégories d’usagers. Quand on prend l’exemple d’un territoire « marchable » ou l’adoption d’un revêtement sans obstacle, certes on valorise le confort d’usage des personnes âgées mais aussi d’autres catégories de personnes, comme les personnes pouvant être plus fragiles ou les personnes en fauteuil roulant. Notre approche est vraiment de pouvoir prendre en compte, de façon la plus large possible, l’ensemble des usages avec une sensibilité quand même pour les personnes âgées. Vous avez une multiplicité des fragilités qui peuvent être envisagées, qui ont un impact dans le territoire, parce que derrière cela entraîne certaines contraintes en termes d’accessibilité, de « marchabilité ».

Notre mission a été articulée en plusieurs axes. Le premier était autour de l’acculturation. C’est une étape qu’on peut avoir tendance à oublier et à rentrer tout de suite dans la phase diagnostic ou opérationnelle. Notre objectif était aussi de pouvoir prendre contact avec les techniciens, les bureaux d’études pour partager en prérequis, qu’est-ce que pour vous, une personne âgée ? Qu’est-ce que pour cela implique d’être une personne âgée dans le territoire ? Sous l’angle de la fragilité mais aussi du dynamisme que peuvent apporter les personnes âgées. Cet atelier a été réalisé en format distanciel, parce que forcément les contraintes sanitaires nous empêchaient de nous réunir très largement. Notre but était justement d’acculturer largement nos acteurs pour évoquer ces différents éléments et puis aussi pour tester, de manière très concrète avec des éléments d’aménagement, comment peut-on améliorer le confort d’usage des personnes âgées dans un territoire.

Une fois cette première étape effectuée, il fallait établir des préconisations pour améliorer le bien-vieillir dans le territoire. Mais il fallait que ces préconisations soient ancrées dans le territoire et la réalité du quartier. On a réalisé un diagnostic, avec des données quantitatives sur la démographie dans le quartier mais aussi sous l’angle du revenu, de l’habitat. En parallèle, on a pris contact avec certains acteurs pour recenser l’offre d’accompagnement, notamment sur le plan social et celui de la prévention/gestion de la perte d’autonomie, qui existait dans le territoire. On a pris conscience qu’il y avait beaucoup de choses qui étaient faites pour les séniors à Choisy-le-Roi mais qui ne leur étaient pas forcément très accessibles ou visibles.

Ensuite il y a eu une phase plus opérationnelle, avec l’établissement d’un référentiel, qui comporte des actes, des objectifs, qui était très structuré avec des préconisations très détaillées sur un certain nombre d’éléments. C’était le livrable final.

Toute la démarche dans le quartier des Navigateurs suit l’importance de la concertation. Il fallait valider ces préconisations auprès des différents acteurs du territoire. On a réuni dans un atelier, un certain nombre de professionnels de l’habitat, du CCAS, de FuturÂge également. La dimension participative était très contrainte par le contexte sanitaire, donc pour essayer de contourner cette contrainte-là, il nous a semblé important de pouvoir associer à cet atelier de concertation, des acteurs qui sont en contact direct avec les habitants et qui ont finalement cette connaissance très micro dans le quartier. La personne chargée de l’animation sociale, la chargée de développement social, la personne qui s’occupe de la médiathèque municipale dans le quartier ont donc également été sollicitées pour enrichir cette vision et cette interprétation de l’analyse du référentiel. On s’est rendu compte qu’il y avait déjà des choses en place, et qui n’avaient pas été appréhendées dans le diagnostic. D’autres choses qui pouvaient être adaptées parce qu’il y avait déjà une dynamique. On pouvait s’appuyer sur des ressources déjà existantes, cet atelier concertation était vraiment important.

Dans ce référentiel, il s’agissait d’appréhender le confort d’usage au sein du quartier mais aussi les principes d’accessibilité, de mobilité et puis l’aspect sécurité qui est plus réel aussi. La nécessité de rassurer les piétons et en particularité les piétons âgés dans le territoire. Le référentiel s’est divisé en 3 sphères. Du point de vue du logement et du maintien à domicile des personnes âgées. Du point de vue très concret : comment le territoire peut être mieux organisé.  Du point de vue social : comment rendre plus visible les personnes âgées dans le territoire et favoriser leur participation sociale. Une pluralité d’échelles d’actions a été envisagée : l’idée est de partir de l’échelle du logement pour aller jusqu’au quartier et, plus largement, à l’échelle de la commune.  

Cette méthodologie a été réinvestie à l’échelle du département de la Seine-Saint-Denis. L’idée du département était d’accompagner des quartiers prioritaires préalablement sélectionnés au sein du dispositif selon un calendrier. Si on détaille le référentiel dans le quartier des Navigateurs à Choisy-le-Roi :

Étape 1 : favoriser le maintien à domicile des habitants âgés dans le quartier à travers un logement adapté aux fragilités qui peuvent apparaître avec l’avancée en âge. Je pense à des logements classiques mais aussi à un habitat inclusif. Bénéficier de services et d’un accompagnement au maintien à domicile à proximité (commerces). Il faut également s’adapter au climat et au réchauffement climatique (canicules).

Étape 2 : sécuriser l’environnement en faisant en sorte que les personnes âgées « pratiquent leur territoire ». Les personnes âgées devront, depuis leur logement et leur quartier, bénéficier d’un environnement accessible. Ils ne devraient pas pâtir de certains points bloquants qui les empêcheraient de sortir de chez eux. Il faut faciliter et améliorer la signalétique. Il faut favoriser ces îlots de fraicheurs en prenant appui sur le territoire et sur la réalité de celui-ci. Au-delà de tout ceci : il faut appréhender les angoisses et craintes des personnes âgées qui peuvent venir avec la phase de chantier. Cette phase est un bouleversement dans l’environnement des personnes âgées. Il faut adapter les préconisations à ces craintes et ces angoisses.

Etape 3 : il faut s’appuyer sur la participation sociale et citoyenne des personnes âgées. Pour ce faire, un certain nombre d’opportunités comme la création d’un institut socio-culturel dans le quartier qui doit prendre en compte les enjeux liés à l’âge dans l’offre culturelle et la conception du bâtiment doivent être envisagées. Il faut également, en amont du projet, identifier et anticiper ces éléments qui garantissent cette accessibilité dans le temps. Il faut décloisonner le quartier et lutter contre un certain nombre d’obstacles territoriaux et géographiques entre le quartier et le reste du territoire. Il y a des obstacles sociaux qui limitent la présence des personnes âgées dans le quartier. Dès lors ils ne peuvent pas profiter des services du quartier.

Aujourd’hui on n’a pas fini de travailler avec le territoire du Grand-Orly Seine bièvre.  Notre démarche prendra en compte cette méthodologie participative primordiale qui est la fédération ou la consultation d’un certain nombre d’acteurs, d’élus de de professionnels de proximité, mais aussi la vision de l’usager.

Stéphane Touboul : La démarche participative et le lien étroit dans le projet avec les professionnels de la ville sur les questions sociales est primordiale. Il va y avoir un forum de l’habitat sénior monté par le service habitat de la ville qui travaille en commune avec le CCAS. On pourra aller au-devant du public et travailler sur les questions du futur quartier. On pourra aussi travailler sur les questions de nutrition. On a, en effet dans notre quartier une cuisine centrale qui est ouverte aux personnes âgées. Sur la question de l’autonomie, on travaille à mettre en œuvre les moyens publics pour trouver des solutions et on travaille également ces questions dans la mise en œuvre opérationnelle. 

 

10h20 : Comment l’accessibilité des séniors est au cœur des projets des JO de Paris 2024 : village des athlètes, village des médias

Intervenant : Pierre-Antoine LEYRAT, chef de Projet Accessibilité à la SOLIDEO (Société de livraison des ouvrages olympiques)

C’est intéressant d’intervenir en dernière partie de ce webinaire car on voit les synergies dans la manière de considérer le sujet. Je suis chef de projet accessibilité à la SOLIDEO et par ailleurs, j’interviens aussi dans le cadre du Master Vieillissement Handicap : Mouvement et Adaptation de Paris Saclay, au CHU du Kremlin Bicêtre. La SOLIDEO est un établissement public à caractère industriel et commercial (EPIC) : c’est la société de livraison des ouvrages olympiques et paralympiques, créée début 2018. Notre mission est de livrer tous les ouvrages pérennes et les aménagements liés à ces jeux de Paris 2024 : c’est-à-dire tous les ouvrages qui seront laissés en héritage aux collectivités. La SOLIDEO se distingue en cela du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques (COJO Paris 2024), chargé de l’organisation de l’évènement et donc des ouvrages provisoires. La SOLIDEO travaille également en étroite collaboration avec la Délégation interministérielle aux jeux olympiques et paralympiques (DIJOP). Notre budget est de 3.2 milliards dont 1.7 de fonds privés et 1.5 de fonds publics.

Le fonctionnement de la SOLDIEO est  double : à la fois maître d’ouvrage (village des athlètes, cluster des médias), et dans un rôle de supervision sur l’aménagement d’autres ouvrages d’autres maîtres d’ouvrages (Conseil départemental  de Seine Sain-Denis, Ville de Paris par exemple). Il faut retenir que le calendrier est serré. Les événements sont tels qu’aucun retard n’est possible dans la livraison des ouvrages.

Je vais passer rapidement sur le rôle de superviseur puisque c’est le rôle de maitre d’ouvrage qui nous intéresse ici.  Le village des athlètes est situé dans la ville de Saint-Denis, autour de la Cité du cinéma. Un projet de 51 hectares qui va accueillir 15 000 athlètes dans la phase olympique et 9 000 athlètes dans la phase paralympique. On veut laisser en héritage un quartier pouvant accueillir 6 000 habitants et de 6 000 emplois tertiaires. On a une vision héritage pour éviter l’effet « ville fantôme ». Plusieurs secteurs ont été commercialisés, les permis ont été déposés, on est dans une phase de mise au point de la conception.

Pour le cluster des médias, le projet se situe entre le Bourget, Dugny et la Courneuve. Il est appelé cluster parce qu’on a une partie résidentielle, le village des médias, ainsi qu’un Parc des sports pour un total de 80 hectares. L’objectif n’est pas de loger de tous les journalistes. Le centre des médias sera au Parc des expositions du Bourget. Les phases d’avancement sont analogues au village des athlètes. 

Au-delà des objectifs du respect du « triptyque » coûts/programmes/délais, je voudrais souligner les ambitions de la SOLIDEO :

  • Une ambition d’excellence environnementale : assurer le confort urbain au regard des mutations climatiques à l’horizon 2050,  favoriser la biodiversité, et diminuer les émission de carbone.
  • Ambition d’insertion sociale :  essayer de réserver nos marchés à 25 % à des TPE PME et favoriser des emplois en insertion.
  • D’accessibilité universelle : chaque espace doit répondre aux besoins de toutes et tous quelles que soit ses capacités, préférences.

On a donc coconstruit nos ambitions avec des acteurs associatifs sur le thème de l’accessibilité universelle. L’idée est de couvrir l’ensemble des thématiques comme la déficience motrice, visuelle et intellectuelle, le vieillissement… C’est dans ce contexte que FuturAge a intégré le groupe de travail. Ces acteurs associatifs sont là pour porter la voix et synthétiser les besoins.  C’est la philosophie dans laquelle on souahite s’inscrire. On a donc plusieurs axes sur lequel on travaille :

  • Travailler selon une approche de conception universelle : prendre en compte et répondre aux besoins les plus larges, en considérant la diversité des situations et des usages comme la normalité.
  • Travailler sur l’ensemble de la chaine de déplacement. Porter le même soin à l’ensemble de nos espaces qu’il soit publics ou privés (logements).  Faire en sorte que nos projets soient des locomotives pour les territoires, donc pour ce faire travailler de concert avec les collectivités ;
  • L’information, communication et sensibilisation ;
  • Innovation et résilience. Profiter et stimuler les filière de l’innovation, mais garantir un socle résilient d’accessibilité.
  • Héritage immétariel, en mettant en place un cadre d’analyse pour qu’on puisse laisser un héritage et le répliquer sur d’autres projets.

On travaille évidemment avec les différentes collectivités impliquées dans la réalisation des Jeux. On a travaillé avec la Ville de Paris sur la rédaction d’une norme pour des quartiers engagés pour l’accessibilité de tous et évidemment avec le Département de Seine-Saint-Denis pour ces deux projets. On raisonne en synergie pour que nos projets soient des moteurs et un facteur d’héritage spécifique dans le territoire.

Theo PETTON, chargé de projet au département de Seine-Saint-Denis : Je vais présenter la démarche globale qui est menée par le Département. Je laisserai la parole à ma collègue Valérie Ducio, qui expliquera comment elle peut s’illustrer dans le projet Cluster des Médias des Jeux olympiques et paralympiques. La Seine-Saint-Denis est le département le plus jeune de France métropolitaine, pour autant il a beaucoup de personnes âgées. C’est un territoire quantitativement dense. Aussi il y a beaucoup plus de personnes susceptibles de tomber dans une situation de dépendance et de précarité. Il y a demande, médico-sociale qui est importante au regard du vieillissement démographique qui nous attend. Il y a évidemment des solutions sectorielles qu’il faut continuer à développer. Mais pour répondre à ce sujet global il faut adresser une réponse globale. Nécessairement il faut réfléchir en termes de cadre de vie à l’échelle d’un quartier. C’est un petit peu un changement de paradigme pour le Conseil départemental qui a un rôle de contrôle et de tarification des établissements comme les EHPAD par exemple. Il faut jouer la carte d’ingénierie en matière de compétence médico-sociale et la mettre à disposition des collectivités qui sont pilotes dans les projets d’aménagement et de renouvellement urbain. C’est une opportunité d’avoir les Jeux qui jouent le rôle d’accélérateur de projets. Par exemple le Grand Paris Express avec les gares autour des réseaux de transport, le nouveau programme de renouvellement urbain qui concerne 34 quartiers.  La Seine Saint Denis est en pleine transformation et il faut absolument que les défis de demain liés au vieillissement démographique soient pris en compte.

On propose une démarche pour les quartiers inclusifs formalisée par une charte de coopération. On a contractualisé avec plusieurs acteurs de l’aménagement, notamment l’ANRU, la DRIHL, l’AORIF (représentant des bailleurs sociaux d’île de France). On a conventionné également avec l’ensemble des acteurs de l’autonomie comme la CNSA, l’ARS, l’Assurance retraite et aussi la Caisse des dépôts. Cette charte de coopération apporte une réponse globale et qui agit sur le quotidien des personnes âgées ou en situation de handicap en Seine-Saint-Denis.  Ce tiers de coopération permet de mettre en œuvre un plan d’action sur 3 niveaux :

  • Un référentiel global
  • Une assistance à la maitrise d’ouvrage
  • Une expérimentation particulière

Sur le référentiel global : j’en profite pour remercier Léa Delfortrie puisque nous bénéficions de l’expertise apportée par VAA Conseil sur ces sujets-là. Il y a un référentiel qui a été construit et qui sera diffusé cette semaine regroupant un certain nombre de recommandations que je ne vais pas reprendre ici puisqu’elles sont similaires à celles qu’on a déjà citées. Cela va de la cellule logement jusqu’ au travail dans les espaces publics.  Il y a des nouvelles formes d’habitat inclusif qui peuvent être construites en Seine Saint Denis. Il existe une tension sur le foncier, mais aussi des solutions innovantes qui peuvent intéresser les territoires. Le Département pourra financer du fonctionnement pour ces projets avec une nouvelle aide au niveau national (l’aide à la vie partagée). Il y a une autre dimension pour laquelle le Département peut intervenir avec ce qu’on appelle les tiers-lieux autonomie dans mon quartier, c’est-à-dire des espaces ressources à destination des personnes âgées et des personnes handicapées qui vivent dans un quartier. Ils se situent souvent en rez-de-chaussée d’immeuble ou dans les locaux mis à disposition par des bailleurs sociaux. L’objectif de ce référentiel est d’inspirer pour construire des projets. Diffuser un référentiel et ses recommandations n’est pas suffisant, aussi intéressantes soient-elles. 

Sur l’assistance à maitrise d’ouvrage : le Département propose aux établissements territoriaux et aux communes une sélection de 12 quartiers. Le Département et ses partenaires de la Charte financent dans les quartiers sélectionnés des assistances à la maitrise d’ouvrage. L’objectif c’est d’avoir des plans d’action qui se basent sur les recommandations du référentiel. Mais il ne s’agit pas d’appliquer de manière verticale et hors sol une recommandation dans un quartier. Les priorités des élus et des habitants seront prises en compte. Il faut voir ce qui est possible de faire et souhaitable de faire dans tel ou tel quartier, pour avoir des ouvrages opérationnels et pertinents. Il y aura un plan d’action et un accompagnement activable selon le calendrier d’avancement des projets d’aménagement des collectivités.

Expérimentation : Il y a pleins d’initiatives des collectivités et on peut, par un travail de benchmark, en avoir connaissance et les diffuser. Mais il est important de faire remonter de manière ascendante les besoins formulés par des personnes. C’est l’objectif de l’expérimentation qu’on va mettre en place.  Le terme « design-thinking » ou la conception participative peut s’expliquer ainsi :  un bureau d’étude qui s’immerge dans un quartier et conçoit de manière itérative des solutions. L’idée est de suivre des personnes âgées qui habitent le quartier dans leur vie au quotidien. Identifier leurs besoins, savoir à quels freins ils sont confrontés. On va choisir avec elles les solutions qu’on pourra leur apporter. On fait des prototypes de manière participative avec les personnes : de l’aménagement physique, ou un peu plus digital, ou de l’ordre de services (lutte contre l’isolement).

Valérie Ducio, Conseil départemental de la Seine-Saint-Denis : L’idée de ce plan d’action est d’accompagner 12 quartiers en Seine Saint Denis. La plupart d’entre eux font partie du programme national de renouvellement urbain. C’est une réelle opportunité d’avoir des projets en phase de conception en Seine-Saint-Denis et penser une économie qui puisse être globale et de prendre en compte les enjeux de perte d’autonomie. Parmi ces quartiers, il y a un quartier dont le bailleur est Seine-Saint-Denis Habitat le bailleur social départemental. Elle se situe entre le Parc départemental Georges Valbon et le Village des médias. Le bailleur social a mené une étude urbaine sur son patrimoine il y a quelques années. Patrimoine relativement enclavé, cette étude a permis de mettre en avant des enjeux d’aménagements tels que le développement des liens avec le Parc départemental.. la requalification d’ espaces publics, et l’interface avec l’émergence des nouveaux quartiers tel que le Village des médias. Aujourd’hui c’est peut-être une opportunité à travers notre assistance à la maitrise d’ouvrage de retravailler globalement ces questions, en particulier avec les apports du référentiel.  On saisit l’opportunité de la conception du Village des médias pour travailler des interfaces avec la programmation qui va être développer à l’intérieur du village. L’idée est d’avoir une feuille de route définie et de mettre autour de la table plusieurs acteurs tels que la ville, le bailleur, les habitants et la SOLIDEO.

On a travaillé sur tout un pan d’ingénierie et sur un référentiel avec l’aide de VAA Conseil. On s’est saisi aussi du référentiel de la SOLIDEO pour alimenter notre démarche. Ce référentiel peut se résumer de la manière suivante : Comment aménager les espaces publics ?

Pierre-Antoine Leyrat : En transition, on peut présenter les premiers éléments concrets découlant de la mise en place de ce cadre stratégique. On a voulu avoir en tête dans la conception de nos espaces publics, cette tenue de bande de circulation piétonne réservée aux piétons, en assurant une séparation nette avec les autres modes de transport notamment la piste cyclable. On veut que les espaces publics s’adaptent au rythme de chaque usager. On veut concevoir et installer des zones assises de qualité (dossiers, accoudoirs) tous les 50 mètres. On réfléchit aussi à mettre ces zones assises dans des zones ombragées pour lutter contre les ilôts de chaleur dans un milieu urbain.

On a également passé des marchés de dialogue compétitif, de sorte que les fournisseurs sortent de leurs gammes habituelles et se posent la question de comment concevoir un mobilier inclusif, qui sert à tout le monde sous le prisme « personnes âgées » avec tous les effets du vieillissement. On veut donc que le mobilier soit adapté. Nous voulons que nos espaces publics et nos bâtiments incitent à la mobilité et à la pratique sportive, en veillant  à ce que le mobilier s’adapte à toutes les pratiques sportives, qu’elles soient intenses ou occasionnelles.

Pour les logements, on a un soin apporté aux cœurs d’îlots, car ce sont souvent les premiers espaces extérieurs pour les personnes ayant un périmètre de marche réduit. Il est important qu’on puisse y trouver des zones d’assises. On a une ambition de rez-de-chaussée actif avec des commerces, des services comme la pharmacie ou la conciergerie. Spécifiquement, pour le cluster des médias, au-delà de l’ambition d’être la cité-jardin du 21è siècle, on a un programme favorisant le bien-vieillir à domicile : on a demandé aux promoteurs de travailleur sur des logements évolutifs, permettant aux personnes âgées de garder leur appartement avec éventuellement un aidant à proximité. Cela permet de lutter contre l’isolement des seniors.

Enfin, si la SOLIDEO n’a pas de compétence de transport, elle travaille de concert avec les collectivités afin d’assurer une continuité du niveau d’accessibilité. Ce travail conjoint permettra également d’assurer un héritage pour nos projets édifiés dans le cadre des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024.

 

ECHANGES

Jean-Charles Pomerol, Futurâge

C’est important que ces les sujets, qui tiennent à cœur Futurage et à beaucoup de gens, soient parfaitement intégrer par un référentiel, par une réflexion sur un habitat inclusif, sur une réflexion sur le confort, et sur le maintien à domicile. Marie Piéron a abordé un point important : il faut penser au confort de marche des piétons, dans ce sens où il ne faut pas que les alternatives de transport comme les vélos ou les trottinettes deviennent hostiles aux piétons âgés. C’est ce qui semble sensiblement se passer à Paris. C’est important d’associer la notion de sécurité et de déplacement.

On a vu 3 modes d’interactions qui sont différents, non en fonction de l’horizon d’attente que l’on peut avoir, mais on peut interagir comme à la façon du quartier Monmousseau qui prend du temps. On a le temps de la recherche mais on a réelle application des gens du quartier. Bien évidemment, dans le quartier Sud de Choisy, on a une situation intermédiaire, avec une implication de la collectivité mais aussi avec des consultants. Et dans le cas de Seine-Saint-Denis, on est pris par le temps, il faut donc s’appuyer sur des situations déjà existantes. Dans les trois cas, les objectifs sont les mêmes. Mais moins on implique les habitants des quartiers, moins cela prend longtemps, plus on utilise les expertises.